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L’initiative privée, l’entrepreneuriat, et le commerce dans l’enseignement de Pie XII

Le 2 mars 1939, le cardinal Eugenio Pacelli était élu successeur de Saint Pierre par le Collège des cardinaux. Il choisit le nom de Pie XII, et entame un pontificat dominé par un contexte de guerre : d’abord la Seconde Guerre mondiale durant laquelle l’Église catholique Romaine se voit défiée par l’idéologie païenne, raciste et antichrétienne du nazisme, et ensuite la guerre froide durant laquelle l’Eglise affronte le spectre du marxisme-léninisme. Pour de nombreux Catholiques et chrétiens, ces années étaient des années de persécution et, dans certains cas, de martyre du fait des communistes, nazis et fascistes.

Les grands drames de cette période de l’Église catholique expliquent peut-être le fait que les contributions de Pie XII au développement de l’enseignement social de l’Église n’aient pas retenu l’attention des historiens et des théologiens. Cette absence est quelque peu étrange, notamment parce que les enseignements magistériels de ses successeurs immédiats—sans oublier le Concile Vatican II—regorgent de citations et annotations provenant des nombreux discours de Pie XII. C’est dans ses écrits, par exemple, que l’on constate des développements cruciaux de l’enseignement magistral sur le sujet de la démocratie et le discours émergent sur les droits de l’homme.[1]

Encore moins reconnus sont les enseignements de Pie XII sur des sujets spécifiquement économiques, y compris sur les origines et la nature de l’initiative privée et du business, et les droits et responsabilités de l’entrepreneur.[2] Les textes spécifiques dans lesquels Pie XII examine ces questions en détail sont :[3]

* Le cinquantième anniversaire de Rerum Novarum, 1er juin 1941

* La fonction sociale de la banque, 25 avril 1950 ;

* La vocation d’hommes d’affaires, 27 avril 1950 ;

* La fonction bancaire, 24 octobre 1951 ;

* L’employeur catholique, 5 juin 1955 ;[4]

* Le chef de petite entreprise, 20 janvier 1956 ;[5]

* Le commerce et le bien commun, 17 février 1956 ;

* L’économie et l’homme, 9 septembre 1956 ;

* La petite entreprise dans l’économie d’aujourd’hui, 8 octobre 1956

A travers ces textes on trouve les commentaires les plus formels jamais exprimés par le magistère romain sur la nature de l’initiative privée, l’esprit d’entreprise et les affaires. Le but premier de cet article est d’attirer l’attention sur des passages clés de ces discours, dont la plupart sont relativement peu connues des audiences contemporaines. En ce sens, cet article questionne de façon indirecte le consensus général qui veut que la lettre encyclique de Jean-Paul II Centesimus Annus (1991) exprime le point de vue le plus favorable de l‘entreprise privée à ce jour.

Le cinquantième anniversaire de Rerum Novarum (1 juin 1941)

Le premier juin 1941, Pie XII diffuse un message radio pour commémorer l’anniversaire de la lettre encyclique de Léon XIII, Rerum Novarum (1891). Le contexte immédiat du message radio de Pie XII était une Italie dominée par le fascisme, une économie dirigée (tout au moins officiellement) selon des principes corporatistes, et une Europe dans laquelle l’Allemagne nazie régnait temporairement. Son public immédiat, cependant, était constitué de milliers de travailleurs italiens, rassemblés Place Saint-Pierre.

Pie XII débute ce message en plaçant l’enseignement de l’Église sur le droit à la propriété privée dans le contexte de l’utilisation des biens matériels. Il fait référence tout d’abord au droit fondamental d’user des biens matériels de la terre. Ce n’est qu’alors (comme dans le Concile Vatican II)[6] que Pie XII parle du droit à la propriété privée. Le droit à la propriété privée se fonde donc sur ce droit ultérieur et le sert. Selon ses propres termes : « Tout homme, en tant qu’être vivant doué de raison, tient en fait de la nature le droit fondamental d’user des biens matériels de la terre, quoiqu’il soit laissé à la volonté humaine et aux formes juridiques des peuples de régler plus en détail la réalisation pratique de ce droit. »[7] C’est de ce droit fondamental d’user des biens matériels de la terre que découle le droit de l’homme à la propriété privée. Comme il le dit, il « requiert aussi la propriété privée »[8], mais le droit, maintient Pie XII, doit en être régulé par l’homme lui-même précisément parce que les biens matériels de la terre appartiennent à tous.[9]

Significativement, c’est dans le cadre de ce droit fondamental d’user des biens matériels de la terre que Pie XII parle du besoin pour « la propriété privée et la liberté du commerce réciproque des biens par échanges et donations »[10]. C’est important dans la mesure où cela illustre le fait que le libre-échange découle directement, tout comme la propriété privée, de la réalisation prudentielle du droit fondamental qu’ont tous les peuples d’user des biens matériels de la terre. Significativement Pie XII considère comme fondamental ce droit de libre-échange parce que l’homme est appelé à conserver et à perfectionner « sa propre vie matérielle et spirituelle. »[11] La doctrine morale catholique orthodoxe nous dit que l’une des façons dont l’homme peut accomplir cela, c’est en étant capable faire des choix librement et de les actualiser. On constate ainsi que les mots de Pie XII sur la propriété privée et le libre-échange ont moins à avoir avec l’efficience économique et plus avec l’insistance catholique de toujours sur la nécessité pour l’homme d’agir et de développer des vertus morales et spirituelles.

 

La fonction sociale de la banque (25 avril 1950) et

La vocation d’hommes d’affaires (27 avril 1950)

C’est une insistance sur le besoin de l’homme de devenir « la personne qu’il devrait être » qui sous-tend deux discours de Pie XII sur des thèmes économiques en 1950. Le contexte de ces déclarations est plutôt différent du discours de Pie XII de 1941. D’une part le fascisme avait été vaincu, mais en Italie comme dans beaucoup de pays d’Europe de l’Ouest, le Parti communiste était une force politique dont il fallait tenir compte. Au même moment, l’Italie et d’autres pays d’Europe de l’Ouest commençaient à voir une période de croissance économique et une hausse du niveau de vie considérables.

Le discours de Pie XII du 25 avril 1950 aux banquiers italiens est remarquable pour son explication de la signification spirituelle profonde du travail professionnel. Pie XII enseigne que le travail professionnel est un moyen de servir Dieu et un moyen de sanctification de la personne. Selon Pie XII, le travail est à la fois social et nécessaire.[12] En ce qui concerne la dimension sociale du travail, Pie XII nous dit que « le travail doit, en outre, servir au bien général : il doit attester le sens de la responsabilité de chacun pour le bien de tous. »[13]

Pie XII lie de façon intime le travail en tant que service à Dieu, et le travail qui est aussi le service du bien commun, un lien qui attire particulièrement l’attention. « Conscience, honnêteté, exactitude », écrit-il, sont des qualités de travail qui sont d’autant « plus inséparables du travail compris comme service de Dieu et deviennent, ainsi, profitables au bien-être de la communauté. »[14] Avec ces mots, Pie XII semble développer une vision du travail ou l’on sent une unité profonde entre la vertu personnelle, le service de Dieu et l’amour du prochain. La dimension humaine (personnelle et sociale) et la dimension divine sont en effet indissociables dans son esprit.

Commentant encore sur la dimension sociale du travail, Pie XII anticipe certaines idées de Jean-Paul II. Dans Laborem Exercens et Centesimus Annus, Jean-Paul II reconnait l’établissement de la communion des personnes comme une caractéristique fondamentale du travail.[15] Même si Pie XII écrivait il y a 41 ans « Comment une administration comme la vôtre pourrait-elle être une véritable communauté, et non seulement une simple existence en commun, sinon parce que tous, du premier au dernier, vous êtes conscients de travailler avec loyauté chrétienne, au bien de tous ? »[16], Pie XII parle de loyauté chrétienne comme moyen de réaliser cette véritable communauté. Jean-Paul II, en revanche, fait référence au don de soi.

Dans le même discours, il fait une distinction importante entre l’avarice et l’acquisition légitime de richesse. Il se sert de la parabole des talents de l’évangile de Luc (Luc 19:11-27) pour établir cette distinction. Opposant le serviteur bon et fidèle au serviteur paresseux, Pie XII tire quelques conclusions pour son auditoire de banquiers sur la nature de l’acquisition des richesses, d’une manière qui reflète sa conscience aigüe de la valeur de l’argent. Il semble que ce soit la première fois qu’un pape reconnaisse directement la valeur de l’argent.

Dès ses débuts, l’Église catholique a clairement défendu la propriété privée et l’action privée. Cela revient à reconnaître implicitement la valeur de l’argent dans la mesure où l’argent est une forme de propriété qui peut faciliter l’activité économique privée. Cependant Pie XII confirme cette reconnaissance dans sa réflexion sur la nature sociale de l’activité bancaire :

« La fonction sociale de la Banque ne consiste-t-elle pas à mettre l’individu en état de faire fructifier le capital, même minime, au lieu de le dissiper ou de le laisser dormir sans aucun profit ni pour soi ni pour les autres ? C’est pourquoi les services que la Banque peut rendre sont multiples : faciliter et encourager l’épargne ; réserver l’épargne pour l’avenir en la rendant fructueuse déjà dans le présent ; lui permettre de participer à des entreprises utiles qui ne pourraient être engagées sans son concours ; rendre faciles et parfois tout simplement possibles, le règlement des comptes, les échanges, le commerce entre l’État et les organismes privés et, en un mot, toute la vie économique d’un peuple »[17]

Deux jours après ce discours aux banquiers, Pie XII s’adresse aux « représentants des Chambres de commerce de tout l’univers » le 27 avril 1950.[18] Intitulée « La vocation des commerçants », l’intention de ce discours est d’aider les dirigeants d’entreprise à reconnaitre l’importance de « couronner vos travaux techniques et juridiques par une sérieuse considération morale et de ce rôle et de ces responsabilités. »[19] Fait intéressant, Pius commence par parler très positivement de la dimension technique du commerce : « Ce n’est pas sans une signification assez expressive que la mythologie a donné des ailes à Mercure [le dieu païen du commerce]. N’y faut-il pas voir le symbole de la liberté d’allure dont le commerçant a besoin, au-delà comme en deçà des frontières de son pays ? »[20] Pie XII continue en insistant sur l’importance de l’initiative privée dans la sphère économique tout en soulignant l’importance du commerçant.

« Encore est-il que vous n’atteindrez la fin que vous visez, c’est à dire le profit de la prospérité générale, qu’à la condition de mettre en pleine lumière l’exercice personnel du commerce au service du bien-être matériel de la société. Le commerçant, dira-t-on, doit être habile, sans doute ! Il doit être homme d’affaires, prudent plus que sentimental, sans doute encore ! Mais il doit, à ces qualités strictement professionnelles, joindre un concept élevé de l’idéal de sa profession. Homme d’affaires, il doit se considérer également comme serviteur de la communauté. »[21]

Pie XII souligne ainsi qu’il ne peut y avoir de prospérité collective sans l’exercice de l’initiative individuelle. De plus il met l’accent sur le fait que ce but de bien-être matériel est méritoire précisément parce qu’il contribue au bien commun. Pie XII souligne en même temps quelque chose de nouveau : la question importante des idéaux au sein du travail professionnel. L’idéal sublime qu’il place devant les dirigeants est celui de service. La vocation d’un homme d’affaires à la poursuite de prospérité matérielle est d’être un servant de sa communauté.

Cela ne veut pas dire que Pie XII ait eu des illusions sur les difficultés réelles rencontrées par ceux qui s’engagent dans la vocation des affaires. Dans le même discours aux hommes d’affaires, Pie XII fait référence à la « difficile vocation du commerçant » et met en garde son auditoire contre le danger de « trahir » sa « vocation » en se préoccupant seulement de gains. De fait, leur vocation veut qu’il « vise, au contraire, et s’il s’efforce de faire circuler les biens de la terre, destinés par Dieu à l’avantage de tous. »[22] Finalement il conclut son discours en s’appuyant sur la parabole du trésor (Mt 13, 45). Le but de Pie XII est d’encourager les cadres à rechercher de vraies richesses—pour acheter le royaume des cieux « au prix de tous ses biens »[23]—et transmettre leur foi à leurs enfants.

La fonction bancaire (24 octobre 1951)

Un an après qu’il avait parlé à ces groupes de cadres et banquiers, Pie XII s’adressait à un autre groupe, cette fois du monde du commerce. Le 24 octobre 1951, il prenait la parole devant les participants au Congrès international du crédit.

Ici Pie XII souligne que le travail des banquiers est crucial pour la question sociale. « Vous marquez la frontière,  déclare-t-il, ou plus exactement, le carrefour, où se rencontrent le capital, la pensée, le travail. »[24] Il insiste que les banques permettent au capital et au travail de converger et ainsi de résoudre les problèmes sociaux.

« Après ce que Nous venons de dire, il Nous paraît superflu de Nous attarder à parler de la conséquence qui dérive immédiatement de la rencontre du capital et de l’idée. En proportion de l’importance de ce capital, de la valeur pratique de cette idée, la crise du travail se trouvera plus ou moins enrayée. L’ouvrier laborieux et consciencieux obtiendra plus aisément une occupation ; l’accroissement de la production permettra de tendre, lentement peut-être, mais progressivement, vers un équilibre économique ; les multiples inconvénients et désordres, fruits déplorables du chômage, seront atténués pour le plus grand bien d’une saine vie domestique, sociale et, partant, morale. »[25]

Ces remarques sont bien différentes des courants de pensée à droite comme à gauche, qui considèrent la banque comme une source d’activité intrinsèquement douteuse et les banquiers en particulier comme des personnages suspects.

Pie XII ne craint pas non plus d’aborder le caractère particulier du travail des banquiers et son importance dans la promotion du développement humain intégral, qui se trouve être la finalité du bien commun.

« Celui qui recourt à vous pour obtenir un crédit,  écrit Pie XII, c’est un jeune inventeur, c’est un homme d’initiative, un bienfaiteur de l’humanité. Vous devez l’étudier, pour ne pas risquer de livrer le prêteur confiant à un utopiste ou à un aigrefin, pour ne pas risquer non plus d’éconduire un solliciteur méritant, capable de rendre d’immenses services, auquel ne manquent que les ressources indispensables à la réalisation. »[26]

Cependant, ce qui frappe le plus dans ce discours est l’appréciation de Pie XII pour la valeur de l’argent. L’une des caractéristiques de l’esprit d’entreprise est le focus commercial, ou comme le dit Christopher Golis, un intérêt pour l’argent[27]. Pie XII semble reconnaitre l’importance et la validité de cette qualité. C’est pourquoi ses propos méritent d’être cités en entier :

« Que de capitaux se perdent dans le gaspillage, dans le luxe, dans l’égoïste et fastidieuse jouissance, ou s’accumulent et dorment sans profit ! Il y aura toujours des égoïstes et des jouisseurs, il y aura toujours des avares et des timides à courte vue. Leur nombre pourrait être considérablement réduit, si l’on savait intéresser ceux qui possèdent à un emploi judicieux et profitable de leurs fonds, opulents ou modestes. C’est, en grande partie, faute de cet intérêt, que l’argent coule ou dort. Pour y remédier, vous pouvez beaucoup par le soin de transformer les simples déposants en collaborateurs, à titre d’obligataires ou d’actionnaires, d’entreprises, dont le lancement ou la prospérité serait de grande utilité commune : qu’il s’agisse d’activité industrielle ou de production agricole, de travaux publics ou de construction de logements populaires, d’instituts d’éducation ou de culture, d’œuvres de bienfaisance ou de service social. »[28]

On met l’accent ici sur l’argent en tant que capital productif. C’est cette notion cruciale qui a permis aux théologiens catholiques durant le haut Moyen Age de clarifier la distinction entre, d’une part, l’usure (qui est condamnée par l’Église catholique) et, d’autre part, le paiement d’une personne à l’autre pour l’utilisation par la première du capital productif de la seconde sous forme d’argent.[29] Avec ce discours, il démontre à quel point l’argent peut être productif et le rôle que la banque peut jouer afin de rendre possible cette productivité.

L’employeur catholique (5 juin 1955)

Quatre ans après ce discours sur la banque, Pie XII s’était adressé à l’Union chrétienne des entrepreneurs et dirigeants d’Italie. L’objet des discussions de cette conférence portait sur le rôle de l’entreprise dans la lutte contre les problèmes de la pauvreté. Ce groupe d’employeurs s’était rassemblé à Naples pour parler de l’appauvrissement continu de l’Italie du sud. Quel rôle est-ce que l’entreprise privée peut jouer pour vaincre la pauvreté ?

Le discours de Pie XII à ces employeurs est important dans la mesure où il illustre un principe de doctrine sociale de l’Église qui souligne l’importance de l’initiative privée. De fait, Léon XIII et Pie XI avaient précédemment remarqué le rôle crucial que joue l’initiative privée dans le développement du bien commun : Léon XIII, sous couvert de propriété privée (possession), et Pie XI dans le contexte d’action.[30] Cependant Pie XII se concentre sur un principe qui donne naissance à une initiative privée, distincte de son orientation nécessaire vers le bien commun. Pie XII insiste sur le fait que l’initiative privée est fondée sur la personne humaine, l’élément le plus important de l’économie :

« Un des points essentiels de la doctrine sociale chrétienne a toujours été l’affirmation de l’importance primordiale de l’entreprise privée par rapport à celle subsidiaire de l’État. Non point pour nier l’utilité et la nécessité, dans certains cas, de l’intervention des pouvoirs publics, mais pour souligner cette réalité : la personne humaine étant la fin de l’économie en est de même l’agent le plus important. »[31]

Dans le même discours, Pie XII revient vers sa réflexion sur l’unité entre la vertu personnelle et sociale, et la dimension surnaturelle du travail que l’on avait observée plus tôt. Ici cependant, Pie XII approfondit sa déclaration précédente et à plusieurs égards préfigure l’enseignement de Vatican II sur la spiritualité laïque.

Pie XII profite également de ce discours pour insister sur le fait que le clergé ne doit pas usurper le rôle des laïcs dans le domaine séculaire[32]. Pie XII confirme que l’enseignement de l’Église sur les questions sociales est établi sur le plan du principe. Pour que cet enseignement soit effectif, il doit être bien reçu par les dirigeants d’entreprise. Le rôle de la laïcité est d’assimiler la vérité enseignée par l’Église et de la mettre en pratique. C’est pourquoi ce sont les chefs d’entreprises, plutôt que le clergé, qui sont les premiers porte-paroles de la vérité de l’évangile dans le monde des affaires. Pie XII explique clairement que les entrepreneurs doivent vivre le témoignage du Christ dans leur lieu de travail, et que ce témoignage doit être le fruit d’une vie intérieure intense nourrie par parole et sacrement.

« L’enseignement de l’Église, qui donne une claire formule des principes catholiques, risque de ne pas être bien compris ni appliqué, s’il ne trouve pas dans le dirigeant responsable, au lieu d’une acceptation résignée et passive, la plénitude d’une intense vie intérieure, alimentée aux sources sacramentelles de la grâce. Il Nous semble qu’une pensée sociale chrétienne doit être profondément organique ; loin de se construire uniquement en partant d’énoncés abstraits, elle doit répondre, avec une constante fidélité, aux intentions de la divine Providence, telles qu’elles se manifestent dans la vie de tout chrétien et dans celle de la communauté universelle à laquelle il appartient. »[33]

Comme pour tous les chrétiens, cette vocation et ce travail demandent un effort intérieur.

« L’acte créateur de Dieu, qui a lancé les mondes dans l’espace, ne cesse jamais de susciter la vie avec une abondance et une variété stupéfiante. Chez l’individu comme dans la société, l’aspiration vers le mieux et la perfection naturelle et surnaturelle exige une progression continue et souvent même un pénible détachement. Pour suivre cette marche ascendante, pour l’orienter et y entraîner les autres, un dur travail s’impose. »[34]

Le chef de petite entreprise (20 janvier 1956)

Un an après s’être adressé à l’Union chrétienne des chefs d’entreprise, Pie XII parla au premier congrès italien de la petite industrie. Ce discours se distingue dans la mesure où, pour la première fois, il inclut une référence du magistère romain à l’entrepreneur. Pie XII enseigne non seulement que l’entrepreneur est indispensable à la société, mais il parle également des qualités propres aux chefs d’entreprise. En commençant par réfléchir sur la nature de l’initiative privée dans le domaine économique, Pie XII déclare que l’initiative privée « [R]épond bien, non seulement à une exigence de la condition présente, mais aussi à l’enseignement de l’Église, qui réalise ainsi dans les applications sociales une doctrine plus élevée et fondamentale, celle de la vocation transcendante de la personne humaine et de sa responsabilité personnelle devant Dieu et la société humaine. »[35]

Après avoir déclaré que l’initiative privée reflète la dignité unique et la destinée transcendante de l’homme, Pie XII souligne la contribution irremplaçable de l’entrepreneuriat à la vie économique et la prospérité matérielle :

« Parmi les motifs qui justifiaient la convocation de votre congrès, vous avez mis en premier lieu la « revendication de la fonction irremplaçable du chef d’entreprise privée », qui manifeste de façon éminente l’esprit de libre entreprise, auquel on doit les progrès notables, effectués surtout ces cinquante dernières années, spécialement dans le domaine de l’industrie. »[36]

Pie XII ne se contente pas d’insister sur l’importance économique de l’entrepreneur. Il examine aussi ce que veut dire un véritable leadership dans le milieu des affaires. Pie XII insiste sur le fait que l’entrepreneur doit posséder « les qualités intellectuelles les plus variées, un caractère fort et souple et, surtout, un sens moral ouvert et généreux. »[37] « Un intense désir de vrai progrès social »[38] doit définir l’employeur, de même qu’un désir d’unité avec ses employés. Ensuite il souligne le rôle central que les employeurs jouent dans l’entreprise : « Disons tout de suite que le facteur décisif de celle-ci sera le patron lui-même, car c’est de lui que dépend, en premier lieu, l’esprit qui anime ses employés. Si l’on note chez lui le souci de placer l’intérêt de tous au-dessus de l’avantage individuel, il lui sera bien plus facile d’entretenir cette disposition des subordonnés. » [39] Ainsi l’employeur constitue la source principale d’unité et de confiance au sein de l’entreprise. Quand il considère en priorité les besoins de ses employés avant ses besoins propres, il ne renonce pas à son autorité, mais au contraire la renforce. La raison en est que dans ce type de circonstances, les employés « comprendront sans peine que le chef … n’entend pas réaliser des gains injustes à leurs frais, ni profiter au maximum de leur travail, »[40] Au lieu de cela, les employés reconnaitront le fait que « en leur fournissant des moyens pour leur entretien et celui de leurs familles, il leur donne également la possibilité de perfectionner leurs capacités, de faire une œuvre utile et bienfaisante, de contribuer autant qu’il leur est permis au service de la société et à son élévation économique et morale. »[41]

Une fois de plus, Pie XII lie l’entreprise privée et la promotion du bien commun, dans la mesure où il montre que les entrepreneurs et employeurs ont des opportunités uniques de créer des conditions qui aident d’autres personnes à choisir de rechercher l’épanouissement humain.

 

Le commerce et le bien commun (17 février 1956)

Poursuivant son engagement dans le monde de l’entreprise, Pie XII s’adresse à la Confédération italienne du commerce en 1956. Dans ce texte, nous ne trouvons pas moins de cinq éléments décisifs qui concernent directement l’entreprise privé et l’entrepreneur.

Le commerce en tant que vecteur d’épanouissement humain

Pie XII admet honnêtement que l’on se méfie généralement de l’homme d’affaires. « On met en doute son utilité ; on cherche à se passer de ses services ; on soupçonne qu’il veuille tirer un profit exagéré de sa fonction économique. »[42] Par contre Pie XII ne considère pas l’homme d’affaire simplement comme un intermédiaire entre le producteur et le consommateur.  Il est plutôt « un animateur de l’économie »[43]. Pie XII soutient d’ailleurs que la valeur de l’activité commerciale ne se limite pas à sa capacité de satisfaire désirs et besoins. Pie XII note sa capacité à éveiller au sein de la personne humaine des énergies et dons qui pourraient autrement rester en sommeil. En d’autres termes, la sphère économique et financière est une des nombreuses avenues qui permet à la personne humaine de s’épanouir complètement. Dans la citation qui suit, Pie XII identifie quatre bénéfices de l’activité commerciale (ce qu’il appelle l’« échange de produits »)  : les besoins sont satisfaits ; on découvre de nouvelles méthodes pour satisfaire ces besoins ; des énergies dormantes se réveillent ; et l’on encourage l’esprit d’entreprise.

« En effet, tout échange de produits ne satisfait pas seulement des besoins ou désirs déterminés, mais rend possible la mise en œuvre de nouveaux moyens, suscite des énergies latentes et parfois inattendues, stimule l’esprit d’entreprise et d’invention. Cet instinct, inné chez l’homme, de créer, d’améliorer, de progresser, explique l’activité commerciale tout autant et encore plus que le simple désir de gain. Le commerçant a besoin d’une formation professionnelle soignée et bien équilibrée. Il a besoin d’un esprit toujours éveillé pour comprendre et suivre les réalités économiques dans leur évolution, pour traiter les affaires avec un heureux résultat, pour prévoir les réactions des masses et leur psychologie, qui sont parfois d’un grand poids dans le jeu des échanges. »[44]

Qualités morales

La dernière partie de la citation ci-dessus évoque la personnalité entrepreneuriale et la question de sa vigilance. Pie XII insiste également sur les « qualités morales » spécifiques que l’on attend des entrepreneurs. [L’entrepreneur doit avoir] « le courage en période de crise, la ténacité pour vaincre l’apathie et l’incompréhension, l’optimisme pour renouveler les formules et les méthodes d’action, pour saisir et utiliser au maximum les possibilités de bonne réussite. Ces qualités, vous les mettez au service de la communauté nationale et vous avez droit par là à l’estime et à la considération de tous. »[45]

Subsidiarité

Bien que Pie XII ne le mentionne pas de façon explicite, l’essentiel de ses commentaires sur la relation entre l’État et l’individu suggère fortement qu’il est inquiet de la possibilité que l’état puisse enfreindre ses principes dans ses relations avec les entreprises. Il dit que l’activité des hommes d’affaires doit être « dégagé[e] des obstacles qui viendraient de règlements trop compliqués ou trop étroits » et que les impôts ne doivent pas être « trop nombreux et trop lourds »[46]. Il commente le mouvement moderne visant à donner une certaine sécurité sociale sous forme de couverture d’emploi, santé et couverture médicale et l’indemnisation des travailleurs. Pie XII reconnait le mouvement. Il dit même qu’il est justifié, mais il émet d’importantes réserves.

« Mais il importe que le souci de la sécurité ne prévale pas sur l’acceptation du risque au point de stériliser toute volonté créatrice, d’imposer à l’entreprise des conditions d’exercice trop lourdes, de décourager ceux qui s’y dévouent. C’est malheureusement une tendance fort humaine que d’obéir au principe du moindre effort ; d’éviter les charges, de se dispenser d’une action personnelle pour recourir au soutien de la société et vivre aux dépens de celle-ci. »[47]

Ainsi, Pie XII note que « l’Etat sache demeurer dans les limites de sa fonction de suppléer à l’entreprise privée : qu’il la suive, qu’il l’aide au besoin, mais qu’il ne se substitue pas à elle, quand elle peut agir avec utilité et bon succès. »[48] Bien entendu, c’est la doctrine sociale catholique standard. Ceci dit, Pie XII est prêt à expliquer précisément comment la violation par l’État du principe de subsidiarité peut décourager directement les caractéristiques principales de l’activité entrepreneuriale (créativité, prise de risque) et encourager des habitudes anti-entrepreneuriales comme la dépendance et la paresse. Rodger Charles, S.J., remarque notablement qu’une analyse minutieuse du corpus des écrits ultérieurs de Pie XII illustre le fait que le pape se souciait de ce que les programmes d’aide sociale créés par les démocraties occidentales avaient pour effet de réduire la responsabilité individuelle[49].

L’entreprise et le bien commun

Pie XII affirme clairement le droit à l’initiative privée. De fait, il insiste, « vous [hommes d’affaires] revendiquez à bon droit la liberté de remplir vraiment et efficacement cette fonction »[50]. Ce droit, que Pie XII associe clairement avec la « liberté d’agir »[51], ne sert pas seulement les intérêts de l’entrepreneur, et parfois une classe sociale particulière, mais il sert également « au profit du pays tout entier »[52]. En somme le bien commun demande que soit accordée à l’entreprise privée et l’entrepreneuriat une grande liberté dans le domaine économique.

Liberté économique et liberté totale

Enfin Pie XII place la liberté dans la sphère économique, au sein du contexte plus large de la liberté de l’homme. Il introduit cette idée avec une réflexion sur les tentations spécifiques aux entrepreneurs. « Les tentations ne manquent pas, conformément aux faiblesses de la nature humaine, d’utiliser des procédés peu corrects, de réaliser des gains illicites, de sacrifier la dignité morale à l’attrait des biens matériels. »[53] Ces trois tentations peuvent être accentuées par le progrès technique rapide du monde et par une économie en expansion[54]. Cependant, cette aspiration peut être modérée « tant qu’elle demeure équilibrée par le désir encore plus vif de progrès spirituel. »[55] De plus « l’empressement à alléger les souffrances et misères d’autrui » (la promotion du bien commun) doit accompagner le désir de son travail et de son développement spirituel[56]. Ce n’est qu’après ces commentaires préliminaires sur l’aspect matériel et spirituel du travail de l’entrepreneur que Pie XII place la liberté économique de l’homme dans le contexte du lien intrinsèque, souligné par le catholicisme, entre la liberté humaine et l’acquisition du bien moral par l’homme. « La liberté d’action économique ne peut se justifier et se maintenir qu’à condition de servir une liberté plus haute et de savoir, au besoin, renoncer à une partie de soi-même pour ne pas manquer à des devoirs moraux supérieurs. »[57]

Ainsi la liberté économique est soumise et dirigée vers la liberté intégrale de l’homme. Le droit d’agir dans un esprit d’entreprise, dans l’activité économique, devrait servir non seulement à améliorer les conditions matérielles, mais il devrait également permettre aux entrepreneurs de se développer moralement et spirituellement : de devenir vraiment libres en choisissant sans contrainte de vivre dans la vérité. Le corollaire est que la liberté d’agir dans l’ordre économique devrait être reconnue comme ayant le potentiel d’aider l’entrepreneur à atteindre l’épanouissement humain par l’exercice de cette liberté.

L’économie et l’homme (9 septembre 1956) et La petite entreprise dans l’économie d’aujourd’hui (8 octobre 1956)

Deux autres discours de Pie XII en 1956 abordent directement la question de la place et du rôle de l’entrepreneur et de l‘initiative privée dans la société. Lorsqu’il s’adresse au premier Congrès de l’Association Internationale des Économistes, Pie XII, encore une fois, médite sur la centralité de l’homme en tant qu’initiateur principal d’activité économique.

Les commentaires initiaux de Pie XII critiquent la vision marxiste de l’homme (et implicitement toute philosophie matérialiste). Le marxisme non seulement commet l’erreur de socialiser les moyens de production, dit-il, « mais, par une erreur non moins funeste, il prétend ne voir dans l’homme qu’un agent économique et faire dépendre des rapports de production toute la structure de la société humaine. »[58] Ainsi l’homme devient un moyen pour une fin et l’on perd de vue sa valeur transcendantale. C’est pour quoi Pie XII rappelle à son audience qu’« au-delà des besoins physiques de l’homme et des intérêts qu’ils commandent; au-delà de son insertion dans des rapports sociaux de production, il fallait envisager l’activité vraiment libre, personnelle et communautaire, du sujet de l’économie. »[59]

Pie XII profite de cette opportunité pour pousser sa réflexion sur l’importance du commerce pour faire de l’humain le sujet (c’est-à-dire l’initiateur) de la vie économique quand il s’est adressé à l’Association catholique des petites et moyennes entreprises, vers la fin de 1956. Il souligne la dignité du travailleur (employé) mais suggère également qu’il est bénéfique d’introduire des employés à l’esprit et aux responsabilités de l’entrepreneuriat :

« Il est certain que l’ouvrier et l’employé, qui se savent directement intéressés à la bonne marche d’une entreprise, parce qu’une part de leurs biens y est engagée et y fructifie, se sentiront plus intimement obligés d’y contribuer par leurs efforts et même leurs sacrifices. De la sorte, ils se sentiront plus hommes, dépositaires d’une plus large part de responsabilité ; ils se rendront compte que d’autres leur sont redevables, et s’emploieront avec plus de cœur à leur besogne quotidienne, malgré son caractère souvent dur et fastidieux. »[60]

Clairement, Pie XII pense qu’il serait regrettable que les employées se contentent d’arriver à l’heure, de faire leur travail sans s’y intéresser, et de devenir ainsi des participants passifs à la vie de l’entreprise. Comme on l’a dit, Pie XII parle de travailleurs qui se sentent « plus hommes », en devenant des « dépositaires » de l’entreprise, et travaillant ainsi avec plus de courage. En effet, Pie XII pense que les employeurs doivent s’efforcer de favoriser cette attitude chez leurs employés en développant chez eux un esprit d’initiative. Il le décrit ainsi :

« Mais, encore une fois, le chef refusera-t-il à ses inférieurs ce qu’il apprécie tant lui-même ? Réduira-t-il ses collaborateurs de tous les jours au rôle de simples exécutants silencieux, qui ne peuvent faire valoir leur propre expérience comme ils le souhaiteraient, et restent entièrement passifs à l’égard de décisions qui commandent leur propre activité ? »[61]

Il est intéressant que Pie XII invoque le terme de solidarité pour décrire le type d’actions qui encouragent ces circonstances. Il parle du besoin des entreprises de pratiquer la solidarité, pas seulement au sein de leurs organisations, mais aussi entre elles.

« Que le principe de solidarité s’affirme donc plus nettement, non seulement à l’intérieur de chacune de vos entreprises, mais aussi entre les entreprises similaires, pour éviter les gaspillages d’énergie, les dépenses inutiles, et surtout réunir en un faisceau solide les éléments disparates d’un potentiel économique considérable mais que son fractionnement prive d’une efficacité proportionnée à sa valeur réelle. » [62]

Conclusion

Cette étude des enseignements du pape sur l’initiative privée montre qu’il a contribué substantiellement à l’enseignement du magistère sur ce sujet. En commençant par réitérer que le droit à la propriété privée découle du principe d’usage commun, Pie XII illustre que cela a des implications positives pour la liberté des échanges commerciaux. Il convient également de noter la manière dont Pie XII énonce un droit à l’initiative privée, dans le contexte de la capacité de l’homme à atteindre la liberté intégrale, une liberté qui découle de la réalisation et la poursuite de la vocation transcendantale de l’homme.

Après avoir confirmé ces points, il était logique que Pie XII choisisse de s’adresser directement aux commerçants, banquiers et dirigeants d’entreprises, et devenir le premier pape à utiliser le terme entrepreneur. Dans ses enseignements, on voit le début d’une spiritualité du travail en suggérant que le travail soit vu comme un moyen de servir Dieu et de sanctifier l’homme. Ceci permet ensuite à Pie XII de détailler les qualités morales et professionnelles qui doivent caractériser l’activité des entrepreneurs et les inciter à voir leur travail comme un service à la communauté. Pie XII leur propose les idéaux de leadership, et parle de l’importance de l’unité avec les employés. En même temps, il décrit brièvement les tentations qui jalonnent le chemin des hommes d’affaires.

Il est regrettable que ces réflexions soient disséminées ici et là au sein des enseignements magistériels de Pie XII. Plusieurs années séparent certains des textes cités dans cet essai. De plus ils ne bénéficient pas de l’impact et de l’intensité dramatique qui accompagnent souvent la promulgation d’une encyclique. Ainsi, et bien que les déclarations de Pie XII sur l’esprit d’entreprise et le monde des affaires sont encore plus formelles que celles de Centesimus Annus, elles ne sont pas exposées sous la forme systématique dans laquelle on retrouve des observations similaires explicitées dans la troisième encyclique sociale de Jean-Paul II. Il y aura toujours des opportunités futures pour le magistère de revisiter les réflexions de Pie XII sur l’initiative privée dans la vie économique, et pour les intégrer plus fermement au cœur de la doctrine sociale de l’Église.

[1] L’auteur tient à remercier Samuel Gregg pour son aide avec les révisions de cet article.

[2] Une liste complète des discours de Pie XII, sur tous les sujets, se trouve dans The Major Addresses of Pope Pius XII, vol. 2, Christmas Messages, ed. Vincent A.Yzermans (St. Paul: North Central Publishing, 1961) 262-300. Ces messages de Noël qui abordent la question sociale (et pas nécessairement la question d’initiative privée) sont ceux de 1941, 1942, 1952, 1955, et de 1957. Cet article ne fait référence qu’aux discours de 1952 et 1955. Pie XII écrivit de nombreux autres discours, dont certaines furent diffusées à la radio. Quand je parle de ces discours, je fais référence au titre et ensuite à la date. Le titre du discours utilisée ici est celui généralement accepté et cité par Yzermans, The Major Addresses, vol.2, 262-300.

En ce qui concerne la version française de cet article, le titre utilisé est en général celui de la traduction officielle du Vatican, que l’on trouve sur le site officiel du Vatican.

[3] Il existe de nombreux autres discours qui touchent à l’initiative privée, mais elles n’apportent rien de nouveau aux références ci-dessus. Ces discours sont : Les intérêts communs des employeurs et des employées (le discours du Pape Pie XII aux congressistes de l’Union internationale des associations patronales catholiques), 7 mai 1949 ; Le patron catholique (Discours à l’union chrétienne des patrons d’Italie), 31 janvier 1952 ; L’économie, l’Etat et la valeur de l’homme, (Discours à des chefs d’entreprise d’Italie), 7 mars 1957 ; Aux agents d’affaires italiens (Discours à la Fédération italienne des courtiers et des agents d’affaires), 22 juin 1958. (Cf. Yzermans, The Major Addresses, vol. 2, 278, 295, 299.)

[4] Ce discours s’est tenu le 5 ou le 7 juin 1955. Des références différentes indiquent des dates différentes, mais le texte est le même.

[5] Ce discours s’est tenu soit le 20 janvier, soit le 21 janvier. Encore une fois, des références différentes donnent des dates différentes, mais le texte est le même.

[6] Voir le Concile Vatican II, Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps Gaudium et Spes (1965), par. 63.

[7] Vincent A. Yzermans, ed., The major addresses of Pope Pius XII, vol. 1, Selected Addresses (St. Paul: North Central Publishing, 1961), 30. La traduction en français provient du site official du Vatican.

[8] Ibid., 31.

[9] Ibid.

[10] Ibid.

[11] Ibid.

[12] Vincent A. Yzermans, ed. The Unwearied Advocate: Public Addresses of His Holiness Pope Pius XII, vol. 3 (St. Cloud: Vincent A. Yzermans, 1954), 79. La traduction en français provient du site official du Vatican.

[13] Ibid.

[14] Ibid.

[15] Voir Jean Paul II, Lettre Encyclique Laborem Exercens (1981), par. 20 et Lettre Encyclique Centesimus Annus (1991), par. 41. Cf. Samuel Gregg, Challenging the Modern World : Karol Wojtyla/John Paul II and the Development of Catholic Social Teaching (Lanham, Md. : Lexington Books, 1999), 127-34.

[16] Yzermans, The Unwearied Advocate, 3:79. La traduction en français provient du site official du Vatican.

[17] Ibid., 80. [Italiques ajoutées]

[18] Ibid.

[19] Ibid.

[20] Ibid., 81.

[21] Ibid. [Italiques ajoutées]

[22] Ibid.

[23] Ibid., 82.

[24] Discours du Pape Pie XII aux participants au Congrès international du crédit, 24 octobre 1951. La traduction en français provient du site official du Vatican. Pius XII, “Function of Bankers,” The Catholic Mind, LII, no. 1094 (1951), 121.

[25] Ibid., 122.

[26] Ibid.

[27] Christopher C. Golis, Enterprise and Venture Capital: A Business Builders’ and Investors’ Handbook, 3d ed. (Sydney: Allen & Unwin, 1998), 3.

[28] Discours du Pape Pie XII aux participants au Congrès international du crédit, 24 octobre 1951. La traduction en français provient du site official du Vatican. Pius XII, “Function of Bankers,” 121.

[29] Comme l’indique J.T. Noonan: “En ce qui concerne le dogme au sens technique et catholique du terme, il n’y a qu’un seul dogme en jeu … que l’usure, l’acte de tirer profit d’un prêt sans titre juste est un péché… Cet enseignement dogmatique reste inchangé. Qu’est-ce qui constitue un titre juste, et qu’est-ce qui est considéré techniquement comme un prêt, ce sont des questions à débattre et qui dépendent du droit positif et du changement de l’évaluation. Les développements sur ces points sont bons, mais il n’en reste pas moins que le dogme pur et restreint est le même aujourd’hui qu’il l’était en 1200. » J.T. Noonan, The Scholastic Analysis of Usury (Cambridge : Harvard University Press, 1957), 399. [Notre traduction] Germain Grisez commentait ainsi, « L’enseignement concernant l’usure est précisément qu’il est toujours mal de faire payer des intérêts aux gens simplement pour leur avoir fait un prêt, parce que cela revient à leur faire payer pour ce dont ils ont besoin : par exemple prêter 50 dollars à un homme pauvre en situation de crise familiale, jusqu’au jour où il reçoit sa paie, à la condition qu’il rembourse 100 dollars. Ceci dit, dans une économie moderne, l’argent a plusieurs usages—par exemple comme capital-risque. Ainsi les préteurs peuvent, à juste titre, faire payer un intérêt proportionnel au montant qu’ils sacrifient en n’utilisant pas leur argent pour d’autres fins. Donc imposer des intérêts, de façon limitée, peut être acceptable moralement. » [Notre traduction] Germain Grisez et Russell Shaw, Fulfillment in Christ: A Summary of Christian Moral Principles (Notre Dame: University of Notre Dame Press, 1991), 434.

[30] Voir Christian Social Witness and Teaching, vol. 2, The Modern Social Teaching (Leominster: Gracewing 1998), 17, 99.

[31] Pie XII, Discours à l’union chrétienne des chefs d’entreprise, 5 juin 1955. La traduction en français provient du site official du Vatican. [Italiques ajoutées] Yzermans, The major Addresses, 1:338.

[32] Cf. Ibid.

[33] Ibid. 1:340

[34] Ibid.

[35] Pie XII, Discours au Premier congrès italien de la petite industrie, 20 janvier 1955. La traduction en français provient du site official du Vatican. Pie XII, « The Small Business Manager, » The Pope Speaks 3, no. 1 (1956): 50.

[36] Ibid.

[37] Ibid., 51.

[38] Ibid.

[39] Ibid.

[40] Ibid.

[41] Ibid.

[42] Pie XII, Discours aux dirigeants de la Confédération italienne du Commerce, 17 février 1956. La traduction en français provient du site official du Vatican. Pie XII, « Business and the Common Good, » The Pope Speaks 3, no. 1 (1956): 45.

[43] Ibid., 46.

[44] Ibid., 46-47. [Italiques ajoutées]

[45] Ibid., 47. [Italiques ajoutées]

[46] Ibid.

[47] Ibid.

[48] Ibid., 48.

[49] Voir Charles, Christian Social Teaching, 2:138.

[50] Ibid.

[51] Ibid.

[52] Ibid.

[53] Ibid.

[54] Ibid.

[55] Ibid.

[56] Ibid.

[57] Ibid.

[58] Discours du Pape Pie XII au Premier Congrès de l’Association Internationale des Economistes, 9 septembre 1956. La traduction en français provient du site official du Vatican. Pie XII, « Economics and Man, » The Pope Speaks 3, no. 3 (1956) : 243.

[59] Ibid.

[60] Discours du Pape Pie XII aux participants à la rencontre internationale des Organisations catholiques des petites et moyennes entreprises, 8 octobre 1956. La traduction en français provient du site official du Vatican. « Small Business in Today’s Economy, » The Pope Speaks 3, no. 4 (1957): 407.

[61] Ibid., 407.

[62] Ibid., 408.

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