Powerblog de l'Institut Acton

Entrepreneuriat, État de Droit et développement humain intégral

Si l’entrepreneuriat est la capacité pour un individu de créer des richesses à partir des ressources à sa disposition, en utilisant de la main-d’œuvre et du matériel réunis dans une structure d’entreprise commerciale, il faut dire, à la fin de ces six séances de travail, que sa mise en pratique n’est pas toujours évidente. Bien plus, elle exige des acteurs déterminés, convaincus de leur projet, mais aussi convaincants sur le terrain. Car, beaucoup d’obstacles se posent sur le chemin. Pour les pays en voie de développement, il nous a été donné de relever qu’une éducation à l’entrepreneuriat s’impose, comme chemin vers un plus grand épanouissement. Ce qui convoque différents acteurs, en partant de l’État, mais aussi de tous ceux qui ont à charge la responsabilité directe ou indirecte des personnes et qui contribuent à leur épanouissement humain, social, spirituel, et dont l’Église est un des acteurs. Et le deuxième séminaire, de façon générale, a mis en lumière le rôle fondamental que cette structure humaine et spirituelle a à jouer dans l’entrepreneuriat. Bien plus que cela, l’ensemble des séminaires, surtout les interventions de Mme Marie Therese Mukamitsindo ou encore de M. Khalid Chaouki, ont beaucoup insisté sur l’intégration des différentes couches sociales. Car, il n’y a pas de progrès à proprement parler, sans une réelle intégration sociale. Dans la mesure où la première richesse de l’Homme c’est l’Homme. Or, intégrer l’autre dans le projet social de développement et d’entrepreneuriat, c’est nous permettre de réfléchir ensemble sur les voies et moyens, pour sortir de la crise ou du sous-développement. Auquel cas, comme se demandait justement Mme Marie Therese, « comment construire ou penser un projet de développement, en excluant l’autre ? ». Et à ce niveau, les entrepreneurs ont un grand rôle à jouer. M. Khalid, en partant de son expérience parfois douloureuse, car venant d’un monde arabe-musulman, n’a cessé de rappeler l’urgence de travailler à taire ou convertir le sentiment anti-arabe qui existe dans l’esprit de beaucoup. Et nous pensons qu’à ce niveau aussi, l’Eglise, ou mieux, les différentes confessions religieuses, ainsi que les médias, et même l’État, ont une grande responsabilité, afin de favoriser un climat de cohésion sociale. Car, sans cette cohésion, l’entrepreneuriat ne pourra pas profiter à tous.

 Réflexion sur l’État de droit
Dans une perspective de développement d’ensemble et d’entrepreneuriat qui se veut plus inclusif, un changement d’attitude s’impose bien évidemment. De la primauté du droit au droit au minimum pour tous, nos communautés humaines sont appelées à devenir des lieux de solidarité et de loyauté, de charité et de justice pour tous. Car, c’est aussi ce à quoi renvoie le concept de ‘‘faire play’’. Car, dans un contexte où les règles de commerce doivent respecter un ordre éthique, il importe que les États ou plus encore les structures qui ont en charge la gestion des hommes, se déploient dans ce sens. Ainsi et plus particulièrement dans notre contexte d’Afrique francophone, les intellectuels de l’Eglise et les leaders religieux à travers l’Afrique se doivent de promouvoir et de discuter des conditions, afin de rendre possible ce concept de fairplay et d’État de droit dans l’ordre politico-économique. L’Eglise aujourd’hui ne peut plus être en marge des problèmes qui regardent le développement humain intégral. Et c’était déjà la recommandation du Pape Paul VI, dans son encyclique Populorum Progressio. En redécouvrant les valeurs qui lui sont propres, à savoir les vertus, la dignité humaine, la justice dans la vérité, ainsi que la charité entre tous les hommes, l’Église aujourd’hui doit chercher à promouvoir et à réinventer ces premières richesses humaines et spirituelles, dont regorge l’Homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Ceci fait partie des objectifs à nous assignés, à la fin de cette belle et riche expérience. Car, l’entrepreneuriat ne peut trouver un écho favorable que là où des hommes sont conscients d’être tous frères (‘‘Fratelli Tutti’’ du Pape François) et de devoir constituer une solidarité universelle. Partant de l’enseignement social de l’Eglise sur le sujet, ainsi que des encycliques des Papes, de nouvelles perspectives sont possibles sur l’État de droit, la subsidiarité, le développement humain intégral et la solidarité entre peuple. Nous pouvons à ce titre citer quelques documents et encycliques : Clément XIII : ‘‘A Quo Die’’, 14 septembre 17584, sur la paix et la charité entre les fidèles ; Léon XIII : ‘‘Permoti Nos’’, 10 juillet 1895, sur les conditions sociales en Belgique ; Pie X : ‘‘Acerbo Nimis’’, 15 avril 1905, sur l’enseignement de la doctrine chrétienne ; Pie XII : ‘‘Optatissima Pax’’, 18 décembre 1947, pour une paix sociale et mondiale ; Paul VI : ‘‘Populorum progressio’’, 26 mars 1967, pour un développement équilibré du monde ; Jean-Paul II : ‘‘Sollicitudo rei socialis’’, 30 décembre 1987, sur la question sociale, à l’occasion des 20 ans de ‘‘Populorum progressio’’ ; Benoît XVI : ‘‘Caritas in veritate’’, 7 juillet 2009, sur ‘‘la doctrine sociale de l’Église’’ ; François : ‘‘Fratelli tutti’’, 3 octobre 2020, sur la fraternité et l’amitié sociale.

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